Habitat

Hameaux durables en Cévennes

 7 janvier 2009

Comment répondre aux besoins de logement en zone rurale en tenant compte des enjeux environnementaux ? Dans le même temps, que proposer aux personnes aux revenus modestes là où les rares maisons disponibles endettent le ménage pour 25 ans tout en lui faisant subir des charges de chauffage exorbitantes ?

Cette problématique se retrouve dans de nombreux endroits sur le territoire national et il n’est plus rare de voir émerger des groupes de citoyens pour réfléchir à des solutions concrètes. Ainsi, au sud de la Lozère, sur le territoire de la Communauté de Communes Tarnon-Mimente (CCTM), un groupe d’habitants désireux soit de trouver un logement, soit de contribuer à l’installation de nouvelles populations se réunit régulièrement depuis 2006.

Une démarche ancrée localement

L’association « Hameaux durables en Cévennes » a été créée en avril 2006. Elle est issue d’un travail de réflexion sur la question du logement au sein d’ateliers de territoires organisés par la Communauté de communes Tarnon-Mimente.

Depuis quelques années, la Communauté de communes se retrouve face à une difficulté grandissante pour loger les nouveaux arrivants ou les jeunes ayant grandi sur le territoire et souhaitant s’y installer. Pourtant, elle manque de population. Le bâti en Cévennes est devenu rare et cher et plus approprié aux résidences secondaires et au tourisme qu’aux publics en insertion ou en phase d’installation. L’association a donc été créée pour repenser la notion de construction, d’habiter, de propriété en apportant des solutions innovantes d’un point de vue social, économique et écologique.

Tout au long du montage du projet, la collectivité apporte ses compétences, ses contacts avec les administrations concernées. C’est elle qui achètera le terrain, le viabilisera tout en respectant certains critères liés à la durabilité : route d’accès perméable, éclairage avec détecteurs de présence, contrôle de la qualité de l’eau et des écoulements.

Enfin, les actions organisées par l’association pour sensibiliser à l’écohabitat sont ouvertes à tous les habitants du territoire et au delà.

Hameaux durables... pourquoi durable ?

On nous a dit un jour « ils sont tous durables les hameaux en Cévennes, ça fait longtemps qu’ils sont là ! ». Mais le mode de vie contemporain ne risque t-il pas d’effacer en un siècle le long travail effectué par ceux qui nous ont précédés depuis la nuit des temps ? Alors qu’auparavant l’habitant d’un hameau passait la plupart de son temps autour de sa maison et de ses terres, aujourd’hui, il n’est pas rare de voir chacun des habitants prendre une voiture pour se rendre au travail, déposer les enfants à l’école, aller à la ville pour faire ses courses et ce avec si peu de concertation avec ses voisins. Combien de temps cela peut il encore durer ?

Le développement durable implique de se soucier des générations futures en développant harmonieusement notre société sur les aspects sociaux, environnementaux et économiques. L’un ne devant pas nuire aux deux autres et vice-versa. Comment traduire ce principe en zone rurale ? Sur le volet social, nous favoriserons l’installation de familles de différentes générations. Retraités, jeunes ménages ou familles nombreuses auront chacun leur place dans un esprit de solidarité. Sans être obligatoire, l’autoconstruction encadrée par des professionnels permettra de réduire le coût de la maison tout en apportant de nouvelles compétences à celui qui construit. De même, quelques logements seront dédiés à la location à prix modéré pour favoriser la mixité sociale.

Afin d’apporter une réponse locale aux enjeux globaux en matière d’environnement tels que le réchauffement climatique, la pénurie d’énergies fossiles ou les risques liés à la pollution de l’eau et de l’air, les habitations seront construites avec des matériaux écologiques. Pour répondre à ces critères, les caractéristiques suivantes seront privilégiées, tout en n’étant pas exclusives :

  • matériaux ayant un impact écologique faible lors de leur production et de leur transport
  • matériaux produits localement, notamment pour les matériaux d’origine végétale
  • matériaux sains, n’ayant pas d’impact négatif sur la santé, tant pour les producteurs, pour les applicateurs ou les utilisateurs finaux.

La conception des habitations (orientation, taille des ouvertures, aménagements intérieurs, épaisseur des isolants, caractéristiques des fenêtres) suivra des critères bioclimatiques afin de permettre une consommation d’énergie (chauffage + électricité) proche des normes de l’habitat passif suisse ou allemand (inférieur à 50 kwh/m2/an).

Enfin, sur le plan économique, un hameau durable permet l’installation de petites entreprises individuelles tels que les professions libérales ou les artisans notamment grâce au télétravail. Une activité agro-touristique (petit élevage et hébergement) pourra également être développée en fonction du terrain disponible. L’impact sur le village n’est pas non plus négligeable : en choisissant d’y faire leurs courses, les habitants du hameau durable permettront le maintien d’un commerce de proximité.

C’est pour quand ?

Dès qu’un terrain sera acheté par une collectivité, nous pourrons lancer les premières études pour l’implantation du premier hameau durable. Quelques pistes sérieuses sont étudiées sur le territoire de la communauté de communes Tarnon Mimente et sur la collectivité voisine, la Communauté de Communes de la Cévenne des Hauts Gardons.

En attendant, un point d’information sur l’écohabitat va ouvrir prochainement à Florac (2000 hab., la ville la plus importante dans un rayon de 40 km). La création de ce centre de ressources a fait l’objet d’une subvention européenne dans le cadre de l’aide au développement de micro-projets associatifs. Des ateliers d’échanges et autres journées de sensibilisation sont organisées pour permettre l’information et la mise en relation entre les professionnels du secteur et les constructeurs potentiels.

Une volonté de reproductibilité

Le travail réalisé par les membres de l’association fait l’objet de compte-rendus détaillés afin de comprendre les freins, le déroulement du projet et d’en permettre la reproductibilité. Dans le même esprit, des échanges ont lieu régulièrement avec les membres du réseau « Habitat groupé » nouvellement créé. Ces échanges permettent de comparer les blocages, de donner aux uns et aux autres des pistes en matière de législation ou de financement. Afin de faciliter les échanges, des réunions physiques ont lieu régulièrement. La prochaine se fera début décembre prochain lors du salon Bâtir écologique à Paris.

Peut être pourrons-nous annoncer ce jour là l’achat du premier terrain !

Sandrine Cendrier Pour l’association « Hameaux durables en Cévennes »

Pour plus d’information :

Article publié dans la revue POUR n°195

Avec le soutien du FEDER :