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Petite histoire des coopératives

 2 novembre 2008

L’aménagement du fermage collectif dans la Babylonie, les confréries d’assistance et de sépulture de l’Antiquité romaine auraient eu d’un certain point de vue quelque parenté avec les institutions coopératives. On peut aussi évoquer les équipes de compagnons du bâtiment qui parcouraient l’Europe au temps des cathédrales, les « artels » de pêcheurs, de chasseurs et d’artisans de l’ancienne Russie...

Plus près de nous : C’est dans le milieu rural qu’apparaissent en France les premières activités coopératives. Les célèbres fruitières du Jura sont de véritables coopératives de collecte et de transformation de produits laitiers. Le mot même de coopération, et le mouvement coopératif naissent en fait au XIXème siècle en même temps que le machinisme.

  • En 1834, quatre ouvriers parisiens fondent la première coopérative de production, l’Association chrétienne des bijoutiers en doré, dont sont issues toutes les coopératives de production industrielle.
  • En 1844, à Rochdale, faubourg de Manchester, 28 ouvriers tisserands créent la « Société des équitables pionniers de Rochdale », la première coopérative de consommation, mère du mouvement coopératif de consommation mondial.
  • En 1864, à Heddensdorf, en Rhénanie, le bourgmestre Raiffeisen crée, pour libérer les paysans de l’usure, la première coopérative de crédit mutuel.
  • En 1882, à Hjelling, des paysans danois, contraints de renoncer à la culture des céréales à cause de la concurrence des blés américains, fondent une coopérative laitière, dont découlent en grande partie les coopératives agricoles modernes.

Ces quatre créations ont des parentés certaines : elles se présentent comme la réaction collective de catégories sociales défavorisées. Cette réaction s’organise en prenant comme support une entreprise commune dont tous les participants ont des droits égaux.

Mais un autre point commun essentiel est que ces quatre coopératives archétypales prévoient un budget pour l’instruction de leurs membres : ils ont déjà compris le rôle essentiel de la connaissance dans la vie économique. Lorsqu’en 1967, l’Alliance Coopérative Internationale procèdera à une mise à jour des principes coopératifs, les commissions d’études chargées de ce travail concluront que c’est dans un retour vers ses sources populaires spontanées plus que dans un économisme néo-capitaliste que le mouvement coopératif doit chercher son adaptation au XXème siècle finissant.

La coopération est une forme récente d’action systématique et généralisée. De telles entreprises sont nées des abus du capitalisme, dans la première moitié du XIXème siècle, époque de grande misère ouvrière, sous l’influence du socialisme associationniste, et quelque fois d’un christianisme ouvert aux dures réalités sociales. Fille de la nécessité, la coopération s’est forgée avec les abus du capitalisme, et s’est renforcée de ses tares. [...]

Les différentes sortes de coopératives actuellement :

Les coopératives exercent leur action dans toutes les branches de l’activité humaine (article 1 de la loi du 10 septembre 1947 portant "Statut général de la coopération"). Il y a des coopératives formées par des membres de professions libérales (géomètres, experts-comptables...), des coopératives de transporteurs routiers, des Groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC), des coopératives scolaires etc. La coopérative doit être une structure d’accueil toujours ouverte à des activités nouvelles. On distingue :

• Les coopératives d’utilisateurs :

  • Les coopératives de consommateurs : elles constituent avec les coopératives ouvrières de production, la plus ancienne branche du mouvement coopératif. Au cours des dernières années, les supermarchés et leur mode de distribution ont fait passer au second plan l’action sur les prix qui était traditionnellement l’apport principal de la coopération de consommation Mais de ce fait même se trouvent multipliés les aspects sociaux, éducatifs et militants de la coopération de consommation.

Voilà une forme de coopération qui pourrait par exemple donner aux gens l’occasion de s’impliquer, en agissant directement sur la nature des produits, de prendre le contrôle d’un vaste secteur de la distribution, au lieu d’aller dans les hypermarchés où ils n’ont rien d’autre à faire qu’acheter bêtement...

  • Les coopératives de logement : elles sont le fait de familles qui se groupent pour construire en commun leurs logements. Suivant qu’elles utilisent les crédits HLM, ou le financement du Crédit foncier, elles obéissent à des réglementations différentes. Mais leur vocation sociale reste toujours de faciliter l’accession des familles de revenus modestes à la propriété de leur logement. Leur activité, outre la construction, se prolonge par la gestion des immeubles construits. Dommage qu’il n’y en ait pas davantage !
  • Les organisations coopératives de loisirs : prolongement moderne des coopératives de consommation (nées en 1937, après les congés payés), ce sont des groupements de familles qui s’unissent pour développer au meilleur coût leurs activités de vacances, de loisirs et de culture.

• Les coopératives de travailleurs :

- Les coopératives ouvrières de production (on dit aussi "Scop") : elles rassemblent des travailleurs pour "l’exercice en commun de leur profession". Il y a des Scop en tout genre, créées par des techniciens, ou des professions indépendantes : bureaux d’études coopératifs, coopératives d’informaticiens, d’urbanistes, d’ébénistes, de comédiens, etc. (voir suite de la fiche)

  • Les coopératives de professions libérales : en général, elles sont constituées de médecins, d’avocats, d’experts-comptables... [...]

Les sociétés coopératives de production (Scop)

Les SCOP sont des sociétés commerciales de type société anonyme ou société à responsabilité limitée dont les actionnaires majoritaires sont les salariés.

Ensemble, les associés prennent les grandes décisions, mutualisent les risques et les ressources et partagent les bénéfices de leur entreprise. Le partage des bénéfices se fait en trois parts : des réserves qui restent dans l’entreprise pour 16 % minimum, la participation qui revient aux salariés pour 25 % minimum et les dividendes qui reviennent aux associés pour 33 % maximum. Ce sont les associés qui décident de la répartition.

Une Scop doit être viable économiquement. C’est une entreprise de l’économie sociale et solidaire, qui s’attache à développer :

  • une participation pleine et entière, en favorisant l’accès des femmes et des hommes à la responsabilité économique,
  • une pratique démocratique : chaque associé(e) possède une voix (dans une entreprise classique le nombre de voix dépend du montant du capital)
  • un esprit d’ouverture : tout(e) salarié(e) a vocation à devenir associé(e) de la Scop.

Une Scop peut se créer dans tous les secteurs d’activités.

Au sein des Scop, certaines entreprises ont développé des formes particulières de fonctionnement. Ainsi, certaines ont créé un cadre économique, juridique et social permettant l’exercice volontaire d’activités en commun dans l’objectif de les pérenniser et de permettre aux personnes qui les exercent d’accéder à un statut de salarié-entrepreneur associé de la coopérative. Ce sont les « coopératives d’emploi et d ’activité » (CEA).

L’objet de ces entreprises est de favoriser la réalisation de projets économiques viables, laissant une place centrale aux projets de vie individuels.

Elles accueillent des personnes qui ont un projet d’activité économique et qui souhaitent le développer avec un statut de salarié tout en restant autonome dans sa réalisation.

Elles offrent aux entrepreneurs un environnement, un accompagnement et un statut.

  • un environnement et un cadre collectif : les CEA proposent une mutualisation de moyens administratifs et logistiques : elles éditent pour le compte de l’entrepreneur salarié les devis et les factures aux clients, tiennent la comptabilité et effectuent la plupart des démarches administratives. Elles mettent à leur disposition des outils techniques tels que téléphone, fax, ordinateurs etc. La plupart proposent des rencontres entre salariés entrepreneurs pour échanger, partager et mutualiser des expériences. Cela crée des synergies et des dynamiques entre entrepreneurs qui peuvent être à même de générer de nouvelles activités.
  • un accompagnement : l’entrepreneur bénéficie d’un accompagnement et de formations au développement de son activité (analyse des coûts de revient, des prix de vente, de sa démarche commerciale, de son organisation générale etc.) par une équipe de professionnels de la CEA ou au sein d’organismes liés à la CEA. Cela diminue l’isolement et les risques d’échec.
  • un statut de salarié : l’entrepreneur est salarié de l’entreprise. Il ne porte donc pas les risques liés à la création d’entreprise ou d’une installation en nom propre. En cas d’échec, il dispose du fait de ce statut d’un droit aux Assedic dans les mêmes conditions que n’importe quel autre salarié.

Ainsi, les porteurs sont inscrits dans une démarche de développement durable, autonome et solidaire de leur activité.

Avec le soutien du FEDER :